Tester son niveau d’épuisement … en deux temps, trois mouvements
Mais Anne-Laure, où étais-tu ? Que s’est-il passé pendant ces deux dernières semaines ?!?
De nombreux patients, un séminaire intensif de développement personnel de 5 jours à l’étranger, un planning surchargé, des formations à préparer en plus de la logistique de la maison qui s’accumule, une bronchite, de nombreuses heures d’insomnies au compteur …. « Tester son niveau d’épuisement pourrait-il être une bonne idée ? »… Mmmh ? Oui je pense ! Réaliser que ces dernières semaines ont été épuisantes et lever un peu le pied ? Oui aussi ! Et pourquoi ne pas mettre en pratique ce que je propose comme outils pour éviter de terminer moi aussi en burn-out ?
Mais en voilà une bonne idée !!!
À quoi peut bien servir le fait de tester son niveau d’épuisement ?
Si comme moi vous avez tendance à :
- vous investir à 300 % dans les tâches que vous entreprenez
- avoir 1000 idées à la seconde et l’envie furieuse de toutes les réaliser
- adorer ce que vous faites au point de perdre un peu de vue (beaucoup ?) votre propre niveau d’énergie
- vous dire que si vous continuez encore un peu, ce n’est pas si grave … Vous récupérerez plus tard
- devenir dingue lorsque vous n’êtes pas en capacité de tenir vos engagements
- vous dire que vous ne pouvez pas laisser tomber les autres parce qu’ils comptent sur vous
- dépasser régulièrement vos limites de fatigues et ne plus très bien savoir où vous en êtes à ce niveau.
- être toutefois conscient que régulièrement vous recevez des signaux qui vous donnent des informations sur votre niveau d’épuisement, mais dont vous choisissez de ne pas tenir compte
Si vous vous retrouvez dans cette description, alors félicitations ! Vous êtes un excellent candidat à l’épuisement et au burn-out ! Je vous invite à lire cet article pour en savoir plus sur les différences qui existent entre ces deux concepts. Si vous n’aimez pas lire, vous pouvez toujours vous contenter de regarder les gifs qui sont sympas aussi !
Toutefois, lire un article ne vous suffira peut-être pas si vous êtes « déconnecté » de votre corps et de votre niveau réel d’épuisement. Si votre mental à pris le contrôle, il risque de minimiser systématiquement tous les signaux d’alerte qui vous donnent des informations importantes sur la nécessité de vous arrêter immédiatement.
Exemple :
- « je suis fatiguée, mais ça va aller, je peux continuer à travailler (lire, regarder la tv, jouer, chatter …) encore une heure ou deux. Après c’est promis, je m’arrête ! »
- « je ne vais pas aller dormir maintenant, il n’est que 20h ! »
- « Dormir c’est vraiment de la perte de temps, j’ai mieux à faire »
- « ok j’ai fait des insomnies, mais je ne vais quand même pas faire de sieste. Les siestes, ce n’est pas pour moi »
- « m’arrêter pour observer ce qui se passe dans mon corps ici et maintenant ? Pour que faire ? Ok je me sens un peu anesthésié et je n’ai pas les idées très claires, mais tout va très bien »
- « Arrête de me dire de m’arrêter parce que j’ai l’air épuisé ! Tu m’énerves !!! Je sais mieux que toi où j’en suis quand même ! ».
Vous voyez de quoi je parle ? Non toujours pas ?!? Eh bien c’est à ça que servent les tests. À mettre des mots et des données factuelles sur un ressenti que vous avez ou sur les signaux que vous recevez de l’extérieur (de vos proches, vos collègues, votre employeur …) à propos de votre état d’épuisement.
Comment tester son niveau d’épuisement ?
Vous vous demandez où vous en êtes en termes d’épuisement psychologique, de burn-out, de fatigue physique ou de charge mentale ? Eh bien je vous propose non pas 1, ni 2, mais bien 3 outils réalisés pour tester son niveau d’épuisement !
Non, vous ne bénéficierez pas d’une pierre d’argile gratuite si vous en prenez 3 … Il ne faut pas exagérer quand même !
Même si les tests dont je vous parle ici se pratiquent pour la plupart en auto-administration, il ne s’agit toutefois pas d’outils d’autodiagnostic. Ils ne vous dispensent pas de vous faire accompagner, mais visent à vous fournir les moyens de vous rendre compte qu’il est grand temps de prendre soin de vous et de vous faire suivre dans ce cheminement par un professionnel de la santé. Un test ne remplace pas une visite chez votre médecin ou un accompagnement psychologique (même si vous êtes médecin !), mais il peut être un complément, voir même le déclencheur de cette démarche. Le but de cette démarche doit être de simplement vous donner une idée plus précise de là où vous en êtes à un moment précis.
Le test de Maslach ou Maslach Burn-out Inventory (MBI)
Si Harold. B Bradley est le premier en 1969 à qualifier de burn-out le stress et l’épuisement particulier liés au travail, Christina Maslach est l’une des premières avec Susan Jackson, Michael Leiter à avoir mis au point un outil de mesure du « syndrome d’épuisement professionnel » : « Le Maslach Burn-out Inventory ou MBI ».
Au départ de cet outil, une série de constats à l’heure ou l’étude du phénomène de burn-out prend son envol :
– la signification du terme burn-out n’est pas forcément la même d’un auteur à l’autre
– ce terme inclut un ensemble de symptômes beaucoup trop vaste au risque de tout englober et de ne plus être significatif
– les premiers écrits décrivant des symptômes ne reposent pas sur des données empiriques, mais seulement sur des études de cas isolés.
Christina Maslach met donc au point le MBI afin de mesurer le syndrome d’épuisement professionnel auprès de groupes importants et d’en étudier systématiquement les causes. Cet inventaire est constitué de vingt-deux items répartis en 3 dimensions :
- L’épuisement émotionnel (9 items) : qui renvoie au manque d’énergie, au sentiment de vide, à la perte d’entrain, à la sensation que les ressources émotionnelles sont épuisées, à l’incapacité de réaliser les tâches qu’une personne effectuait avant et à la frustration et aux tensions que cela génère en elle.
- La dépersonnalisation (5 items) : qui décrit un symptôme psychologique dissociatif dans lequel la personne a un sentiment de perte de sens, et un sentiment de perte de contrôle de la situation. Cela renvoie également au développement d’attitudes impersonnelles, détachées, négatives, cyniques, envers les autres (proches, collègues, clients… ).
- L’accomplissement personnel (8 items) : qui représente la dimension auto-évaluative du syndrome d’épuisement professionnel. Elle concerne à la fois la tendance que peut avoir une personne à dévaloriser son travail et ses compétences, la croyance que ses objectifs ne sont pas atteints et qu’elle est inapte à répondre efficacement aux attentes de son entourage, une diminution de l’estime d’elle-même et de son sentiment d’auto-efficacité.
Chaque item représente une facette de l’évaluation que le sujet peut faire de son travail. La personne interrogée indique la fréquence selon laquelle elle éprouve le sentiment en question (0 = jamais, 6 = chaque jour) et les 3 dimensions sont mesurées séparément. Autrement dit, l’individu n’obtient pas un score global de burn-out, mais un score séparé pour chacune des trois dimensions. La plupart des recherches ayant étudié la validité du MBI ont confirmé qu’une structure à trois dimensions correspondait mieux aux données qu’une structure à deux ou à une seule dimension.
Si vous souhaitez réaliser votre MBI, c’est par ici !
Avantages du MBI
- Traduit dans de nombreuses langues
- Utilisé depuis longtemps. Il a permis de mesurer le syndrome d’épuisement professionnel auprès de groupes étendus et d’étudier de manière systématique les causes de cet épuisement.
- Simple et rapide d’utilisation (10 min maximum)
- Facilement accessible … la preuve, vous venez de le passer.
Inconvénients du MBI
- Cet outil n’est pas libre de droits
- Ne dispose que de 22 items, ce qui en termes de fiabilité est un peu léger.
- Ne dispose pas de moyen d’éviter les biais de « désirabilité sociale ». C’est-à-dire que si vous avez tendance à répondre ce qui est socialement acceptable plutôt que ce qui est le reflet de votre réalité. Le test ne peut pas le détecter ni en tenir compte pour rectifier les résultats.
Pour en savoir plus au sujet de ce test vous pouvez consulter le livre Maslach Burnout Inventory thrid edition (ANG)
Copenhagen Burn-out Inventory (CBI)
Le Copenhagen Burn-out Inventory a été développé suite à certaines limites rencontrées avec le MBI. Dans le MBI, les notions de fatigues et d’épuisement n’apparaissent pas clairement comme étant des notions importantes à inclure dans les différentes dimensions du Burn-out. Le CBI replace donc la fatigue et l’épuisement au cœur du concept de burn-out et met en avant les processus par lesquels le sujet essaie d’expliquer, de comprendre et de juger un phénomène. C’est-à-dire de donner un sens à ses symptômes psychologiques et somatiques. Contrairement à son prédécesseur américain, cette échelle a en outre montré de solides qualités psychométriques, à la fois analytiques et prédictives.
Tout comme le MBI, le CBI est un inventaire auto-administré, qui permet de tester son niveau d’épuisement et d’explorer lui aussi trois dimensions :
- le burn-out personnel : qui désigne « le degré de fatigue, d’épuisement physique et psychologique ressenti par le sujet ».
- le burn-out lié au travail : qui désigne « le degré de fatigue et d’épuisement physique et psychologique perçus par le sujet comme étant lié à son travail » (le travail supposant ici une rétribution, de quelque nature qu’elle soit).
- le burn-out lié à l’usager : qui désigne « le degré de fatigue et d’épuisement physiques et psychologiques perçus par le sujet comme étant lié à son travail avec les usagers (patients, détenus, enfants, résidents, étudiants, élèves, etc … et non pas les clients commerciaux et collègues).
Si vous souhaitez réaliser votre CBI, vous pouvez le faire ici
Avantages du CBI
- Disponible dans de nombreuses langues
- Testé sur de larges échantillons
- Libre de droits
- Solides qualités psychométriques
- Facile et rapide d’utilisation (10 min maximum)
Inconvénients du CBI
- Le positionnement des auteurs n’est pas clair quant à l’utilisation des dimensions de cet outil. D’un côté ils disent que les 3 dimensions peuvent être utilisées indépendamment les unes des autres en fonction des contextes professionnels ou de la problématique étudiée. Tandis que de l’autre, ils disent que « le burn-out ne peut pas se résumer à de la fatigue ou à de l’épuisement (mesurés par la première dimension de l’échelle), mais que ce qui fait que le burn-out est un concept original est l’attribution causale que l’individu fait de cet état » (mesuré par les deux autres dimensions de l’échelle).
- Il ne dispose pas de moyen d’éviter les biais de « désirabilité sociale ».
Pour en savoir plus au sujet de ce test vous pouvez consulter cet article (ANG) ou encore celui-ci (FR)
Preventing Burn-out Test » (PBT)
Cette fois-ci il s’agit d’un test bien de chez nous ! Lancé par Bright Link, une spin-off de L’Université Catholique de Louvain (UCL). Le PBT ou Preventing Burn-out Test est une échelle de mesure du burn-out qui a essentiellement une visée préventive. Il ne s’agit donc pas d’un outil qui chercherait à analyser d’une manière ou d’une autre un burn-out avéré ou qui aurait un but curatif.
Contrairement à ses prédécesseurs, il ne se réalise pas en auto-testing, mais nécessite l’intervention d’un professionnel formé à la passation de cet outil. Les tests PTB sont uniquement disponibles en ligne afin de permettre aux répondants de les passer de manière privée et dans le contexte de leur choix (au bureau, à domicile, sur un ordinateur, un smartphone, une tablette … ).
Ce test est proposé en deux formules :
Le questionnaire standard « Preventing Burnout Test »
Cette version du test est proposée aux entreprises de petite, moyenne et de grande taille et peut être délivrée à partir de 10 répondants minimum. Il a pour but d’aider à identifier les personnes à risque pour pouvoir les accompagner préventivement avant que le burn-out ne survienne. Ce questionnaire qui permet de tester son niveau d’épuisement est composé de 100 à 150 questions, en fonction du profil de l’organisation. Il faut compter entre 20 à 30 minutes pour répondre à l’entièreté du questionnaire.
Lorsqu’il est passé, le PBT délivre deux types de rapports :
Le premier est un rapport « diagnostic » destiné à chaque répondant. De cette façon, « chaque employé peut prendre connaissance de son niveau personnel d’exposition au risque de burn-out ainsi que de l’ensemble des sources qui, d’une manière concomitante, rendent parfois la situation difficilement tenable pour certains individus ».
Ce rapport est délivré à chaque répondant de manière confidentielle, automatique et instantanée sous format pdf. Il l’informe sur : son exposition au risque de burnout, les principales sources de risques, les facteurs principaux, et lui fournit « 10 recommandations textuelles ou guidances ».
Lorsqu’une personne obtient un score élevé, une possibilité lui est immédiatement offerte d’être accompagnée par le conseiller en prévention de son entreprise ou par un professionnel du « réseau d’expert du PBT » (psychologues et coachs agrées) afin de mettre en place une prise en charge préventive du burn-out. Les résultats du reporting individuel peuvent alors servir de base pour analyser les sources du problème et permettre à l’employé d’identifier les solutions possibles pour améliorer son état et éviter ainsi le burn-out.
Le deuxième rapport fourni est un « rapport consolidé destiné aux comités de prévention de l’organisation et à ses décideurs », afin de permettre aux dirigeants d’être informés et de prendre conscience des risques qui impactent leurs employés. Ce rapport fournit une cartographie des points sensibles de l’organisation (stresseurs) et de ses ressources (source d’énergie pour les employés). Il fournit également une vue d’ensemble du pourcentage global de répondant touchés par la fatigue par rapport au nombre total de répondants, et ceci tout en préservant la confidentialité de l’ensemble des employés ayant participé aux sessions du test.
Le questionnaire Premium « Preventing Burnout Test »
Ce questionnaire est destiné aux professionnels qui travaillent en ligne directe avec des personnes touchées par l’épuisement et le burn-out (professionnels des ressources humaines, coaches, psychologues, experts …) ou aux « entreprises dont la mission est l’accompagnement de carrière, la sélection, le recrutement ou le suivi de personnes à risque en matière de risques psychosociaux ». Le PBT premium permet à ces professionnels de mener des sessions individuelles beaucoup plus poussées grâce à un questionnaire étendu qui compte entre 450 et 600 questions (compter entre 1h et 1h30 de passation de test).
Il permet entre autres aux professionnels de déterminer le niveau de risque de burn-out encouru par les répondants, mais aussi de déceler d’où proviennent les sources de ce risque de manière approfondie en clarifiant les facteurs qui posent problème. L’entretien en face à face permettra également d’affiner les informations recueillies par le test. Le reporting fournit entre autres « une série conséquente de recommandations textuelles destinées à aider l’expert à trouver des solutions pragmatiques aux problèmes rencontrés ».
Avantages du PBT
- Je n’ai pas encore testé personnellement ce questionnaire et je ne peux donc pas vous donner d’informations quant à sa facilité d’utilisation, mais sur le site on peut lire à différentes reprises qu’il est facile d’utilisation et qu’il peut se réaliser sur divers supports, ce qui est un plus en soi.
- Vous devez passer par une tierce personne (entreprise, professionnel de la santé) afin de pouvoir y accéder et obtenir vos résultats. Ce qui garantit que vous soyez correctement informé sur ce qu’est un burn-out et que des solutions d’accompagnement adaptées vous soient proposées en fonction de votre niveau personnel d’épuisement.
- Dans le cadre d’une entreprise, c’est l’ensemble de l’entreprise qui est impliqué dans cette démarche. Ce qui permet non seulement un regard des dirigeants sur le fonctionnement interne de l’entreprise et sur le bien-être de ses employés, mais également un regard réflexif de la part des employés sur leur façon de fonctionner et sur leur propre niveau d’épuisement.
- La qualité du testing proposé (100 questions minimum vs 22 questions seulement pour le MBI).
- L’aspect multifactoriel du test qui prend en compte plus de dimensions que ses prédécesseurs.
- « Le réseau d’expert du PBT » garantit que les personnes qui sont dans le besoin pourront trouver une aide professionnelle derrière les résultats du test pour les accompagner dans leur épuisement.
- Le fait que les professionnels aient besoin d’avoir une solide formation de base, de suivre une formation spécialisée portant sur le PBT, et d’obtenir un agrément pour faire partie du réseau d’experts PBT permet de s’assurer que n’importe qui ne peut pas prétendre accompagner les personnes qui sont en souffrance.
Inconvénients du PBT
- Vous devez passer par une tierce personne (entreprise, professionnel de la santé) afin de pouvoir accéder au PBT et obtenir vos résultats. Vous ne pouvez accéder personnellement au test sur base de votre simple volonté, il vous faudra nécessairement passer par un professionnel ou par voter entreprise.
- Le coût par rapport à ses prédécesseurs.
- Le temps passé pour répondre au questionnaire premium est plutôt lourd pour une personne épuisée (minimum une heure).
- La formation à l’outil est payante : 250 euros/personne pour la journée (support, formation, lunch et 3 sessions gratuites de PBT premium inclus).
Pour en savoir plus sur les questionnaires PBT et PBT premium c’est par ici
Quant à moi, je vais tenter de me reposer un peu … Je vous dis à très vite avec un nouvel article et de nouveaux outils !!!
D’ici là, dites-moi dans les commentaires ce que vous pensez des différents tests, si vous avez aimé cet article un peu plus technique ou si vous avez une envie particulière pour les prochains articles !
A très bientôt !!!
3 commentaires
Wouaaouuh! article extrêmement intéressant !
Je ne connaissais pas la dernière méthode. En effet, très efficace pour déterminer son niveau d’épuisement. Merci pour tout ça !
Merci beaucoup pour ce retour très positif !!! Avec grand plaisir !
Bonjour, je découvre votre site avec beaucoup d’intérêt.
jai regardé dans le plan de votre site et je ne trouve pas le J1 qui se rapporte à l’article concerné.
en effet je suis plutôt organisé et j’aime faire les choses dans l’ordre.:)
Pouvez vous me dire où le trouver sur votre site.
merci infiniment
David Vigreux Toulon