Pourquoi faut-il nourrir son loup intérieur ?

Pour éviter de se faire dévorer par sa part d’ombre !

Commençons par un conte ! Avant de vous expliquer pourquoi faut-il nourrir son loup intérieur, allez vous chercher un thé (vous en aurez peut-être besoin parce que cet article risque d’en déranger certains) et laissez-moi vous conter une histoire le temps d’une pause bien méritée … Mais oui, je suis certaine qu’elle l’est !

Pourquoi nourrir son loup intérieur ?

Je vais vous raconter l’histoire du « loup de Gubbio »

Il était une fois, dans le village de Gubbio, en Italie, des gens fiers, pour ne pas dire orgueilleux. Leur village était propre. Les rues balayées, les maisons fraîchement blanchies à la chaux, les tuiles orange des toits bien lavées, les vieillards heureux, les enfants disciplinés, les parents travailleurs.

Perchés sur le flanc de leur montagne, les gens de Gubbio jetaient un regard méprisant sur les villages de la plaine. Ils considéraient «les gens d’en bas» malpropres et peu fréquentables. Or, voici qu’à la faveur de la nuit une ombre se glissa dans Gubbio et dévora deux villageois.

La consternation s’empara de la population. Deux jeunes braves s’offrirent pour aller tuer le monstre. Armés de leur épée, ils l’attendirent de pied ferme. Mais au matin, on retrouva leurs corps déchiquetés. La panique fut totale. On reconnut qu’il s’agissait d’un loup qui, la nuit, venait rôder dans les rues.

Pour s’en débarrasser, le conseil du village décida de faire appel à un saint reconnu pour son pouvoir de parler aux animaux. Ce saint n’était autre que François d’Assise. Une délégation partit donc rencontrer François pour l’implorer de venir chasser à tout jamais le loup de leur paisible village. Sur le chemin du retour, le saint quitta les délégués de Gubbio à un carrefour et s’engagea dans la forêt avec pour objectif de parler au loup malfaisant.

Le lendemain matin, tous les villageois s’étaient rassemblés sur la place publique et s’impatientaient du retard de François. En le voyant sortir enfin de la forêt, ils se mirent à crier de joie. À pas lents, le saint se fraya un chemin jusqu’à la fontaine, puis, montant sur la margelle, il apostropha son auditoire : «Gens de Gubbio, vous devez nourrir votre loup!».

Sans autre commentaire, il descendit de la fontaine et partit. Au début, les gens de Gubbio prirent très mal la chose. Ils se fâchèrent contre saint François. Leur peur du loup fit place à la déception et à la colère contre ce saint inutile. Mais, se ravisant, ils chargèrent un villageois de déposer, ce soir-là, un gigot d’agneau à sa porte. Et ils firent de même tous les autres soirs.

Depuis lors, personne à Gubbio ne mourut sous la dent du loup. La vie reprit son cours normal. Par ailleurs, cette épreuve assagit les gens du village. Ils cessèrent d’afficher une attitude arrogante et méprisante envers les habitants dés autres villages de la plaine. La présence d’un loup dans leur beau village les avait rendus plus humbles.

Pourquoi est-ce que je vous parle d’un conte qui dit qu’il faut « nourrir son loup ? ». Tout simplement parce qu’il s’agit du même processus avec votre ombre. Si vous ne la nourrissez pas, si vous faites comme si elle n’existait pas. Elle s’emparera de vous au moment où vous vous y attendrez le moins.

Ce texte provient du site contes à rêver


Qu’est-ce que l’ombre ?

L’ombre est cette part de nous que nous n’aimons pas et qui nous dérange.

Qu'est-ce que l'ombre ?

Il s’agit de nos travers, nos défauts, nos penchants sombres qui nous font honte et dont nous préfèrerions nous passer.

Exemple : ma jalousie, mon envie, ma fainéantise, mon orgueil, mes mensonges, mes échecs, les moments où je me suis sentie lamentable, mes « craquages », le fait que je n’aime pas mon corps ou certaines parties ou encore que j’ai du mal à prendre ma place parmi les autres …

Cette part d’ombre peut être consciente

Cela signifie que vous savez que ces parties sombres existent chez vous et que vous ne les aimez pas. Vous n’avez aucune envie que les autres les voient parce que cela risquerait de ternir l’image que vous souhaitez donner de vous.

Cette part d'ombre peut être consciente

Elles sont donc soigneusement cachées la plupart du temps. Lorsque par malheur ils les voient, vous éprouvez de la honte, de la culpabilité ou vous vous sentez tout simplement mal.

L’une des personnes que j’accompagne me confiait récemment à ce sujet : « Je me montre fort au travail face aux autres et je ne laisse pas voir ma détresse quand je n’en peux plus. Personne ne sait que parfois j’ai envie de pleurer dans certaines situations où je me sens dépassé. Parce que j’ai trop de travail, trop de pression et que j’aimerai avoir plus de soutien et d’aide de la part des autres de temps en temps. En même temps, je me mets moi-même des bâtons dans les roues puisque je ne dis rien, je ne demande rien et je ne laisse rien transparaitre de ce que je vis à l’intérieur. J’ai l’impression que je ne peux pas me montrer fragile et que je dois rester fort quoi qu’il arrive ».

Comme ces parties de vous ne peuvent apparaître au grand jour (tout dépend du niveau de contrôle que vous exercez dessus) elles vont surgir à des moments où c’est plus compliqué pour vous de les gérer ou parce qu’un événement externe vient les réveiller.

Une de mes patientes me confiait : « C’est compliqué pour moi parce que j’ai un collègue qui me montre clairement que je l’intéresse. Il me donne tout ce que mon mari ne me donne plus depuis quelques mois parce qu’il est très occupé par son propre travail. Ce collègue me regarde, me fait des compliments, nous avons des conversations passionnantes, il se soucie de moi et cherche ma compagnie. Jusqu’ici j’ai lutté pour ne pas faire attention à tout ça. J’ai fait comme si mon collègue me laissait indifférente et je ne lui ai pas laissé une seule porte d’entrée. J’ai en parallèle demandé à mon mari d’être plus présent et plus attentif, mais il n’a rien changé. Je me suis montrée plus attentionnée envers lui, mais rien n’a changé. Je suis très attachée à la valeur de fidélité, mais il vient appeler quelque chose chez moi que je sais difficilement contrôler et je ne sais pas si je vais pouvoir résister longtemps. Ca me hante en permanence et je sais que dès que j’arrêterais d’être vigilante, cette envie de lui me submergera ».

 

L’ombre peut aussi être semi-consciente ou inconsciente

C’est le cas lorsque vos côtés sombres deviennent tellement difficiles à regarder en face en vous disant : « Eh bien oui. Ça aussi c’est une part de moi ! » que votre mental se charge dans ce cas de soigneusement les « gommer » du paysage :

  • En vous rendant borgne face à vous-même

Dans ce cas, une partie de vous ne voit pas complètement vos côtés sombres. Une part seulement, parce qu’une autre part de vous sait très bien que vous êtes en train de modifier la réalité à votre avantage.

Exemple :

    • « Non je n’ai pas peur de me lancer. Je prends juste le temps de réfléchir à la meilleure façon de procéder ».
    • « Oui, mais ça fait 3 mois que tu veux l’inviter à manger avec toi cette fille. Il serait peut-être temps d’y aller maintenant. Tu ne crois pas ? « .
    • « Ce n’est pas ce que tu crois, ce n’est pas du tout de la peur. J’ai juste envie de trouver le bon moment et il ne s’est pas encore présenté ».

Il est possible dans ce cas de figure, en mettant votre ego de côté et en reconnaissant les choses telles qu’elles sont, de voir cette part d’ombre pour pouvoir en faire quelque chose d’utile pour vous.

  • En vous rendant aveugle face à vous-même

En vous rendant aveugle

 C’est ce qui arrive lorsque ce qui vous appartient est tellement dur à accepter, à tolérer, à reconnaître comme étant une part de vous, que votre système de défense projette ces particularités sur d’autres personnes. C’est ce que l’on appelle en psychologie une projection. Il s’agit d’un mécanisme de défense inconscient qui vise à vous protéger.

Cette particularité de l’ombre est abordée par Carl Gustav Jung, l’un des pères de la psychanalyste.

Voici ce qu’il en dit : « Le point de départ est simple : la plupart des hommes ignorent leur ombre. […] Le plus souvent elle est projetée dans des troubles somatiques, des obsessions, des fantasmes plus ou moins délirants, ou dans l’entourage. Elle est « les gens », auxquels on prête la bêtise, la cruauté, la couardise qu’il serait tragique de se reconnaître. Elle est tout ce qui déclenche la jalousie, le dégoût, la tendresse ».

Quelquefois, il arrive donc que cette part d’ombre dérange tellement ou qu’elle fasse si peur qu’il est plus simple de la « projeter » sur les autres pour éviter de se l’attribuer tant la reconnaissance de ces attributs est problématique pour nous.

Projection de mon ombre sur les autres

Ce n’est ni bien, ni mal en soi. Il s’agit d’un simple mécanisme de défense qui dit de manière caricaturale : « c’est tellement moche comme défaut que ça ne peut pas m’appartenir. Comme ce n’est pas à moi, c’est certainement à quelqu’un d’autre ! ». Et le premier qui passe et qui vous rappelle que ce défaut vous appartient, au moins en partie, en hérite. Il est en effet plus facile de mettre à distance quelqu’un qu’une part de soi-même.

Exemple : « C’est affreux de voir comment cette mère crie sur son enfant ! Moi heureusement, je ne parle pas aux miens comme ça. Je suis gentille avec eux. Je ne suis pas violente avec mes enfants moi, parce que je ne suis pas comme ça ! ».

Pourtant, à chaque fois que cette personne juge les autres sans pitié, les critiques sans merci, elle fait preuve elle-même d’une certaine violence. A chaque fois qu’elle s’en prend à elle-même en se jugeant, en se critiquant, elle fait preuve là aussi d’une certaine violence. La violence est une part de son ombre. Elle lui appartient également qu’elle le veuille ou non. Plus facile à voir chez les autres que chez elle-même pour le moment, il n’empêche qu’elle est porteuse des mêmes teintes de fond que ceux qu’elle juge si durement.

Pourquoi faut-il nourrir son loup intérieur ?

L’ombre est votre loup de Gubbio. Il est possible que vous soyez totalement conscient de sa présence ou que vous n’ayez constaté que des traces de son passage. Dans tous les cas, si vous ne voulez pas connaître le même sort que les villageois, ou qu’il ne fasse des dégâts dans votre entourage, il convient de prendre soin votre loup et de ne pas faire comme s’il n’existait pas.

Reconnaitre son ombre

J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous !

Commençons par la mauvaise. Comme tous les êtres humains de cette planète (tous sans exception !), vous avez une part d’ombre … et vous en aurez une jusqu’à la fin de votre vie. Elle évoluera, elle se transformera, d’autres parties que vous n’aviez pas vues avant apparaîtront, mais il y aura toujours une part de vous qui sera sombre. Cela fait partie de votre humanité tout simplement !

Nourrissez votre loup intérieur

J’ai également une bonne nouvelle ! Si vous parvenez à apprivoiser cette part d’ombre, elle n’attaquera plus les autres ou vous-même aussi sauvagement qu’avant. Il se pourrait même qu’elle devienne utile avec le temps si vous savez lui parler.

Carl Jung en parle dans ces termes : « L’ombre est quelque chose d’inférieur, de primitif, d’inadapté et de malencontreux, mais non d’absolument mauvais […] Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection, mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression ni ascension ». 

Si vous regardez attentivement à l’extérieur, vous verrez que l’ombre et la lumière ne sont que les extrêmes d’un même continuum. La lumière n’existe pas sans ombre et inversement. Entre les deux, il y a toutes les nuances de luminosité ou d’obscurité possible. Il en va de même dans votre monde intérieur.

L'ombre et la lumière sont les extrêmes d'un continuum

L’excellente nouvelle est que si vous avez repéré un défaut chez vous, c’est qu’il fait partie d’un continuum que vous avez réussi à contacter. Et qu’à l’autre bout de ce défaut (ou de ce que vous percevez comme tel), il y a un talent, une qualité, un atout qui est également à votre portée. Peut-être que ce talent, vous ne l’avez pas encore exploité ou pas comme vous le voudriez. Mais il est là et ça, c’est une excellente nouvelle. Il vous suffit juste de bouger le curseur vers lui pour l’exploiter.

Il se peut aussi que votre ombre soit composée d’un ensemble de continuums comme dans l’exemple ci-dessous. Dans ce cas, il vous faudra retrouver ce qui la compose pour faire les réglages nécessaires.

Exemple : Je suis fainéant et je ne fais jamais rien par moi-même

 

Nourrir son loup intérieur c’est aussi s’autoriser de temps en temps, de manière consciente et cadrée à vivre cette ombre. En veillant bien entendu à ce que cela ne nuise pas aux autres.

 Exemple : si je sais que j’ai cette tendance à me reposer, à avoir besoin qu’on fasse les choses pour moi, à avoir besoin de farniente. Je peux faire un effort pour aider davantage les gens qui me le demandent. Par exemple en m’y mettant à fond pour nettoyer la maison comme mon mari me le demande. Et à m’autoriser aussi de vraies pauses où je ne suis là que pour moi à d’autres moments. Je peux dans ce cas, m’arranger avec lui et prendre un jour de congé pour me préparer une petite journée spa où je ne suis là pour personne et où je ne dois rien faire. 

Je ne vous explique donc pas tout ça pour que vous puissiez vous conforter dans vos défauts en vous disant qu’il n’y a rien à changer et que les autres n’ont qu’à s’adapter à vous. Mais pour que vous puissiez :

–        Retrouver ce qui vous met en difficulté

–        L’affronter consciemment en reconnaissant que c’est quelque chose qui vous appartient

–        Voir ce qu’il est possible d’effectuer comme réglage si vous pensez que c’est nécessaire

–        Vous autoriser à souffler et à nourrir votre ombre en veillant à ce que cela ne nuise pas aux autres

Challenge !

Je vous invite cette semaine à trouver votre loup intérieur et à en prendre conscience. Pour vous y aider, vous pouvez commencer en vous posant ces questions :

Quelles sont les parts sombres de moi que je n’aime pas ?

Quels sont mes défauts, les choses que l’on me reproche ?

Pourquoi est-ce que ces parties de moi me dérangent ?

Quels sont les dégâts causés par ces morceaux de moi ?

Qu’est-ce que j’aimerai de différents chez moi (intérieurement) ?

Qu’est-ce que j’ai tendance à reprocher aux autres et en quoi « une teinte » de ce qu’ils font m’appartient aussi ? Peut-être sous une forme totalement différente ou plus « light » ?    

 Si vous trouvez un défaut qui vous irrite chez quelqu’un, demandez-vous ce qu’il a réussi à développer (peut-être à l’excès) qui vous manque peut-être un peu. Qu’est-ce que cela vient réveiller chez vous ?

Maintenant que vous savez pourquoi faut-il nourrir son loup intérieur, je vous prépare le prochain article vous expliquera comment apprivoiser son ombre …

N’hésitez pas à me dire si vous aimeriez que je traite un sujet en particulier dans mes prochains articles en mettant un commentaire !

A très bientôt !

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